Vie et mort sur le Net
25 Septembre 1996
Le web devient humain, dans (malheureusement) tous les sens du terme. Dernièrement, au gré de mes promenades nocturnes sur le web, souvent guidées par des mails de lecteurs, amis anonymes, je suis tombé presque à la suite sur deux choses qui m'ont frappé, et que j'ai associées dans mon esprit.
D'abord, j'ai remarqué que des sites dans lesquels beaucoup de personnes sont impliquées, en tant qu'auteurs ou que lecteurs, commencent à organiser des fêtes. Oui, de vraies fêtes, des rencontres réélles (à force de naviguer dans la vie virtuelle, on se sent obligé de bien préciser). UNGI fait sa fête, Mygale fait sa fête. Serait-on en train de se rendre compte que les mails et le web ne remplaceront jamais le plaisir du contact physique, d'une discussion à bâtons rompus un verre à la main, d'une bonne engueulade, de la séduction sans filet, des gestes, du regard? Que cet univers virtuel permette à des gens de se rencontrer "pour de vrai", dans la joie et la bonne humeur, voilà une excellente nouvelle.
Malheureusement, la réalité a aussi ses mauvais côtés et ses drames. On m'a prévenu qu'une des filles citée dans ma liste de webs féminins était morte dans un accident de voiture à la fin de l'été, et que sa page web, si colorée et si jolie, s'était transformée en un sobre avis de décès. Je ne la connaissais pas beaucoup, on avait à peine échangé quelques mails. Pourtant cette page page web noire m'a rééllement attristé, parce qu'au fil des messages envoyés et reçus, il arrive parfois que naisse un sentiment proche de l'amitié. Enfin, inutile d'épiloguer sur cette histoire dramatique, qui relativise beaucoup de nos microscopiques problèmes.
Ce genre de choses nous rappelle que l'Internet n'est pas un simple gadget, un jouet technologique de plus. Il y a des êtres humains derrière les pages que vous consultez, qui font la fête, s'amusent, ou meurent.