Réflexions sur mon serveur

Un serveur, pourquoi?

Ben oui, pourquoi donc ai-je mis en place ce serveur web? A la base il y a deux choses.

D'abord, j'aime l'informatique, j'aime découvrir de nouveau programmes, apprendre de nouveaux langages de programmation, bidouiller les logiciels pour savoir ce qu'ils ont dans le ventre. Même sur un micro isolé, je veux dire sans aucune connection extérieure, je m'éclate en essayant tous les softwares nouveaux qui me tombent sous la main, et en créant ensuite mes propres programmes, dessins ou applications, même très simples. Parce que je ne suis pas informaticien professionnel et que je garde donc une image un peu naïve et magique des ordinateurs, je crois que les deux plus grands plaisirs que je tire de l'informatique sont ces deux-là: découverte et création.

La deuxième chose importante, c'est la fascination qu'exerce sur moi l'interconnexion de millions d'ordinateurs dans le monde. Parce que là, le plaisir n'est plus solitaire. On communique avec des gens de la planète entière aussi facilement qu'on décroche un téléphone, aussi facilement que s'ils étaient devant nous (souvent même plus facilement). Ca me rappelle en mieux l'ambiance du minitel, quand les gens protégés par leur quasi-anonymat et par la barrière de l'écran n'ont plus peur de dire ce qu'ils pensent, sans passer par les précautions d'usage et les longues approches. Bien sûr, on peut me dire (et je suis même le premier à le dire, mais c'est normal, j'aime le paradoxe) que ce genre de communication n'est qu'un ersatz de relation humaine. C'est sûr. Il y a des gens qui sont capables de tout dire devant un écran, et qui n'osent pas aller demander un ouvre-bouteille à leur voisine de palier. Pourtant, moi-même qui vous parle, j'ai rencontré (en vrai !!) par l'intermédiaire du minitel et de l'internet des personnes (du sexe "faible", c'est la seule chose que l'on puisse me reprocher), et là, plus question de délires binaires, la vie et la réalité reprennent leurs droits. Enfin, une dernière remarque, pour en revenir aux ordinateurs: pour l'amateur d'informatique, l'internet c'est le nirvana: des milliers de programmes à télécharger, des informations sur tout, des cours de programmation on line, etc...

Un serveur, comment?

En fait, créér et maintenir un serveur, ça mélange un peu tout ça. Découverte, installation et configuration du logiciel, puis des petits outils pour l'améliorer (les scripts CGI qui permettent l'interactivité, le compteur par exemple, ou la possibilité de m'envoyer des commentaires). Puis création du contenu, donc il faut apprendre le langage HTML (très facile) pour coder les pages web, réfléchir sur le fond et la forme de ce qu'on va mettre (dilemme classique du créateur de pages web: faut-il faire de super pages graphiques très belles mais très longues à charger, ou des pages simples mais accessibles facilement pour les gens du monde entier?), enfin finition du look graphique des pages. Et enfin, quand il tourne, que vous voyez passer les gens sur votre serveur (actuellement j'ai 6-7 connections par jour, et ça augmente constamment... Encore un effort pour faire 3 millions de connections par jour comme la homepage de Netscape...), dont certains vous laissent des messages, ce qui fait très plaisir, c'est l'aspect communication qui prend le dessus.

Tout ça mélangé dans ma petite tête m'a très vite donné l'idée de créér ma propre homepage, et d'avoir ainsi un point de chute sur le web, puisque c'est la partie visible et accessible de l'iceberg internet. Mais où la mettre? Il y avait deux solutions, et j'ai choisi la troisième. Se faire héberger par un prestataire de service (mais c'est cher), ou mettre une page sur le gros serveur web de mon centre universitaire (mais il faut mettre des trucs sérieux). Finalement, au hasard de mes navigations sur l'internet, j'ai découvert qu'il existait des logiciels faits pour transformer un bête PC ou Mac (connecté au réseau bien sûr) en serveur web. C'est ce que j'ai fait avec un PC de mon labo sous Windows 3.1, grâce au programme Win-HTTPD (il y en a d'autres: ZBServer pour Windows 3.1, Web Site pour Windows 95 ou NT, MacHTTPD pour Mac). Bien sûr, les copains qui travaillent dessus gueulent un peu parce que le micro est maintenant allumé 24h/24, avec le serveur qui tourne constamment en tâche de fond. En plus, il a tendance à planter, alors en plein milieu de la rédaction d'un compte-rendu de 15 pages, je les comprend, c'est chiant.

Mise à jour (8-3-96): j'ai monté un nouveau serveur sous Unix depuis (celui du NCSA), sur une machine Sun/Solaris du labo.
Mise à jour (10-6-96): maintenant mon site est hébergé chez Pipo.com, un cadeau de leur part.
Mise à jour: (3-5-03): mon site est maintenant hébergé aux USA.

Mais pour moi la vraie démocratisation de l'internet viendra de ce genre de logiciel qui permet à chacun de placer son petit serveur dans l'internet, et donc de mettre à la portée de tous les netsurfers les informations qu'il veut. A vrai dire, j'en ai un peu marre de tomber sur des serveurs officiels très beaux mais très creux, du genre vitrine vide. Il en faut, ne serait-ce que pour avoir quelques infos pratiques et dignes de confiance, mais les sites personnels, bordéliques et délirants, j'avoue que ça me fait bien plus marrer, et ça m'intéresse beaucoup plus. Bien sûr, n'importe qui peut mettre n'importe quoi comme info, mais pourquoi accorder plus de confiance à l'information qu'on trouve sur le Net qu'à celle que nous crache sans arrêt la télé? Il faut douter de tout, mais bon, ça c'est plus une philosophie générale qu'une information pratique pour netsurfer. La différence c'est que la télé est un média passif, alors que sur le Net on bouge comme on le sent, on va dans la direction que l'on veut. D'ailleurs, je trouve que le terme "navigation" est particulièrement bien choisi pour ce genre d'activité.

Un serveur, et après?

Si vous découvrez le web aujourd'hui, dites-vous bien que c'est déjà dépassé. La progression technologique est telle (rappellez-vous les micros d'il y a dix ans...) que les grosses bécanes hyper-puissantes permettent déjà des trucs incroyables. J'ai la chance d'avoir dans mon labo le top du top des Macintosh, ainsi qu'une station graphique Sun (32 Mo de RAM, ça calme...). J'ai donc pu essayer diverses choses. La première, accessible avec la dernière version de Netscape (la 2.0, qui en est à l'heure où j'écris à la troisième version béta), ce sont les "applets" Java. Un joli nom pour désigner un langage de programmation qui permet de faire circuler sur le web des petits programmes interactifs qui s'incluent dans une page. Tous les jours ils en sortent de nouvelles. Par exemple, un petit personnage qui fait des sauts périlleux en haut d'une page. Ou alors un objet en 3D qu'on peut s'amuser à faire pivoter dans tous les sens. Plus sérieusement, des animations pour apprendre comment fonctionne un circuit électronique, les ondes lumineuses ou un boulier chinois... J'ai même trouvé un jeu de Tétris... Enfin, pour résumer, une page web avec des applications Java, ça a une autre gueule que cette page par exemple, dont l'immobilité n'a d'égale que sa platitude (au propre comme au figuré). Transition excellente pour vous parler de l'autre nouveau truc qui va révolutionner le web. Alors là, finie les pages plates!!! Tout est en 3D avec des super textures (un mur en granit ressemble vraiment à un mur en granit), on rentre carrément dans la page, on se déplace, on ouvre une porte, on clique sur ce qu'on veut pour avoir plus de détails... Fini le HTML (Hyper Text Markup Language, pour coder les pages web actuelles), vive le VRML (Virtual Reality Modeling Language). Mais ne nous réjouissons pas trop vite, ça n'est pas pour demain. Il n'y a que quelques logiciels qui lisent les fichiers en VRML, comme WebSpace que j'avais installé sur la station Sun, mais ça restait très lent.

Enfin, sans même parler de ces trucs tous neufs, j'espère aussi que l'infrastructure suivra le développement du web. Parce que tout ça c'est bien beau, mais pour se connecter aux USA quand c'est le soir ici (donc en pleine journée chez eux) ça reste très très lent. Faut dire que l'internet au départ c'était pour une utilisation très professionnelle, avec surtout le courrier électronique, quelques sites FTP ou Gopher et puis basta. Or le texte, ça ne prend pas beaucoup de mémoire (de bande passante, pour faire pro). Maintenant, avec le développement du web "grand public", ce sont des giga-octets d'images, de sons, de programmes qui circulent dans tous les sens, et donc qui saturent les lignes. Bon, espérons que l'offre va suivre la demande.

Il y a encore des choses à dire...

Ouais, mais là c'est trois heures du mat' et je suis vraiment fatigué. Je viens de balancer cette page quasiment d'un jet (il y avait quand même un concert excellent d'Edgar de l'Est au milieu, d'ailleurs je m'empresse d'aller les ajouter dans ma page Musique). Enfin, si vous avez lu tout ça jusqu'au bout, c'est que quelquepart ça vous intéresse. N'hésitez donc pas à me contacter pour en discuter.





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