Quand la biochimie explique ma philosophie
11 Juin 1996
Ca ne surprendra personne d'apprendre que je suis un type légèrement instable. Pour moi, il est nécessaire d'être toujours en situation de déséquilibre, ça permet de ne jamais s'installer, physiquement et moralement. Se sentir bien quelquepart, trouver la stabilité, c'est le début de la fin. Quand on n'a plus envie de se poser de questions, c'est dangereux. Etre déséquilibré ou chaotique, ça signifie pour moi ne jamais se sentir à sa place, avoir toujours envie d'être ailleurs. Avancer ou reculer, mais au moins bouger. Surtout ne pas s'installer.
Il y a quelques années de ça, pendant un cours de biochimie, le prof nous expliquait comment les cellules des organismes vivants stockent une partie de l'énergie qu'elles produisent. En fait, elles maintiennent constamment de part et d'autre de leur membrane un gradient de concentration en divers ions (protons chez les plantes, sodium/potassium chez les animaux). Cette différence de concentrations entre l'intérieur et l'extérieur de la cellule leur permet ensuite d'avoir une source d'énergie facilement utilisable pour divers transports membranaires (faire rentrer des sucres ou sortir le calcium par exemple). Ca se comprend très bien si on fait une analogie avec un barrage hydro-électrique: quand l'eau passe d'une altitude à l'autre, il y a production d'énergie. Donc ce qui caractérise une cellule VIVANTE, ce sont ces différences de composition entre intérieur et extérieur. Et là, le prof a sorti cette phrase mémorable, que je n'ai jamais oubliée:
"L'équilibre, c'est la mort"
Depuis, ma vie est toujours aussi chaotique, mais j'ai enfin une justification scientifique.