Manu Chao amniotique

Un concert de Manu Chao, c'est la certitude que la vie suit son cours normal, que cette réalité est bien la mienne. C'est comme se pincer pour être sûr de ne pas rêver. Ca remet les idées en place. C'est un lien fort avec le passé, qui rassure sur la continuité du temps. C'est le tic-tac de l'horloge du salon. Mes premiers concerts des Carayos vers 1988. Puis la Mano Negra une douzaine de fois dans les années qui ont suivi, autour de Montpellier et à Madrid. Jusqu'à ce concert magique sur la plage de la Gardiole, quand la Mano n'existait déjà plus. Enfin, le chanteur en solo, plus rarement parce qu'aux US, mais quand même trois ou quatre fois. Je ne m'en lasse pas. Toujours cette énergie considérable, même avec un accompagnement réduit au minimum (Madjid, Gambit, Garbancito) et sans cuivre.



Un concert de Manu Chao, c'est se dire que, malgré les changements, malgré la perte des illusions, malgré l'incertitude quant à l'avenir, on reste fidèle a soi-meme. Non, je ne serai pas chercheur au CNRS, comme je le voulais depuis que je suis enfant. Quelle importance ? Je n'ai qu'à m'inventer un nouveau métier. Oui, je vais être parent. C'est terrifiant, mais c'est aussi une aventure de longue haleine incroyablement excitante.

Pour la première fois, j'ai ecouté ce concert assis, depuis un balcon spécialement isolé et surplombant la scène, car les américains sont prévenants et efficaces lorsqu'il s'agit de la sécurité d'une femme enceinte (et de celui qui l'accompagne). Et donc, ma fille d'age encore négatif a entendu son premier concert de rock depuis la douceur amniotique, et c'était Manu Chao. Un bon début dans la vie.





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