Deux heures du matin et je m'emmerde comme un rat. J'attends la fin d'une incubation, et je suis en train de perdre mon temps devant mon ordinateur. Alors je vais écrire ce qui me passe par la tête.

En ce moment, j'écoute en boucle plusieurs groupes. Danú, pour commencer. Leur site web est vraiment à chier, d'ailleurs. C'est un groupe de musique traditionnelle irlandaise, mais les membres du groupe ne sont pas des vieux barbus genre Dubliners, ils sont tous plus jeunes que moi. Jolies ballades, certaines en gaélique, et "reels" et "gigs" à relever un mort. Je conseille leur disque "The Road Less Travelled", qui contient deux chansons magnifiques : "Farewell Farewell", et "County Down". Un autre groupe que je découvre est Innocence Mission. Deux chansons superbes, du genre qui peuvent changer votre vie : "Bright as Yellow" et "Tomorrow on The Runway". Un groupe de Brooklyn : "The Last Town Chorus". La chanteuse utilise un instrument au son étrange dont je ne connaissais même pas l'existence : une guitare qui se pose sur les genoux, et qui se joue apparemment en slide. Je pourrais aussi citer Joanna Newsom, Feist, et d'autres. Leur point commun ? Ces groupes n'ont que des chanteuses. En ce moment, les chanteurs me font chier, à part peut-être Sufjan Stevens ("Casimir Pulaski Day" et "The Dress Looks Nice On You" par exemple), Tom Waits, Joey Ramone, Joe Strummer, Manu Chao et mon frêre. Oui bon, ça va hein.

Tout à l'heure, complètement par hasard, j'ai pensé que ça allait bientôt faire vingt ans que j'ai baisé pour la première fois. C'était une telle catastrophe que je n'en ai jamais parlé à personne. Et je ne vais pas commencer.

Presque tous les matins, quand j'ouvre les yeux, dans le brouillard épais du demi-sommeil, me vient la même sensation : j'ai l'impression que ce n'est pas un oreiller que j'ai dans les bras, mais un fusil à canon scié, appuyé contre mon menton. Et je me dis qu'il n'y a plus qu'à appuyer sur la détente. Dix minutes après, je me dis que c'est vraiment une idée à la con.

Hier, il faisait déjà nuit, j'ai croisé une fille sur le trottoir, et elle m'a dit "I love your t-shirt". C'était celui avec un gros cafard dessus. Mon premier sourire de la journée, même s'il était bien tard.

Je suis en train de faire germer des spores d'un champignon bioluminescent, Panellus Stipticus, dans le tiroir de mon bureau. Ce n'est que la première étape, pour obtenir des filaments qui se développent. Plus tard, j'infecterai un vieux morceau de bois pourri que j'ai dans mon appartement, pour essayer d'obtenir de vrais champignons lumineux. Et puis j'ai fini une première version d'un nouveau petit robot qui se promène dans mon appartement. Il se déplace sur deux chenilles comme un petit char d'assaut, et une tête avec un sonar qui tourne à droite et à gauche pour éviter les obstacles. Putain, qu'est ce que je m'emmerde quand même. Le bon côté de se faire larguer, c'est qu'on a soudainement plus de temps pour ses hobbies à la con. Vivement novembre, un peu d'action judiciaire me fera le plus grand bien.

Je fais de plus en plus de fautes d'orthographe en français.

J'ai vu la semaine dernière Silent Running. Ce film m'avait beaucoup marqué quand je l'avais vu pour la première fois, il y a bien longtemps, probablement vingt ou vingt-cinq ans. Il n'a rien perdu de sa puissance, contrairement à pas mal de films de SF des années soixante-dix. Devinez d'où vient l'inspiration pour R2D2 dans Star Wars. La nuit, quand je travaille dans les immenses serres que l'on a ici, avec le bruit constant des ventilateurs et humidificateurs en arrière-plan, comme dans un vaisseau spatial, j'ai l'impression que, si je lève les yeux, je vais voir Saturne au milieu du ciel.

Pendant un moment, j'ai été complètement obsédé par l'histoire tragique de Genie. J'ai voulu en parler sur mon site, et puis ça m'est passé.

Le blogocercle commente un dossier de Libé à propos des expatriés et de leurs motivations. J'en ai strictement rien à cirer.

Tout à l'heure, je fumais dehors, et dans le pot de fleurs à côté de moi, il y avait un grillon qui chantait. Le souvenir des nuits méditerranéennes m'est soudainement tombé dessus. Quand j'étais un gamin, j'allais parfois la nuit dans une carrière désaffectée juste à côté de la maison de mes parents. Des centaines de grenouilles et des milliers de grillons chantaient tous en choeur, ça résonnait au milieu de cette espèce de grand cirque de pierre, c'était magnifique. Je m'étendais sur le calcaire et je regardais le ciel en pensant sans doute à quelque fille dont j'étais amoureux, que ce serait bien si elle était là, si on se tenait la main sans rien dire, ou une ineptie dans le genre.

A chaque fois que je met une marinière, et j'en ai plusieurs, il y a toujours un abruti pour me demander si je fais partie de la marine russe.

J'adore cette peinture de Robert Maguire, qui a servi comme couverture d'un quelconque pulp, probablement dans les années cinquante, appelé "Dead, man, dead". Celle-là et celle-ci sont aussi très belles.

Je dois aller récupérer mes tubes maintenant. Tout cela n'a de toute façon aucun intérêt.





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