Je vais me servir un espresso, un de plus. Un collègue a installé son fils, dans les cinq ans, sans doute moins, dans la salle café, qui a un petit air de garderie, avec des jouets éparpillés un peu partout. Haut comme trois pommes et il parle anglais mieux que moi. Et ce n'est même pas sa langue maternelle. Un peu plus tôt, le gamin engueulait une des grosses pointures du département, dont l'ancien chef au MIT a reçu le prix Nobel l'an dernier, parce qu'il examinait de manière suspecte son camion de pompier. Je me marrais discrètement devant l'ordinateur. Maintenant, il me regarde d'un air étonné alors que le café commence à couler dans la tasse. Ses yeux noirs bridés brillent d'intelligence et de curiosité. Il me demande:

- "Why do you drink that much coffee?"

- "Hmmm. Because it makes my brain run faster."

- "My brain works fast enough."