Un de plus, un de moins

Dans un rêve étrange, la nuit dernière, je tenais une fille blonde dans mes bras. Je l'ai reconnue. J'avais rêvé d'elle il y a vingt ans. J'étais heureux de la retrouver après si longtemps.

Une nouvelle nuit. Seul dans mon laboratoire, devant un café, je pense soudainement à un poème de Baudelaire, et l'équilibre se casse, une fois de plus. "L'Horloge", évidemment. Puis sa suite naturelle, "Une Charogne". Une chanson de Brassens, "Les Passantes". Petit laisser-aller momentané, les yeux dans le vague. Il pleut dehors, de grosses gouttes s'écrasent sur la fenêtre. Je m'autorise une minute de désespoir passager, mais pas plus. A quoi faut-il renoncer? Qu'est ce que j'ai appris? Qu'est ce que j'ai oublié d'apprendre? Comment combler ce vide?

La minute est passée. Balayer d'un revers de la main cette fausse anorexie sentimentale dans laquelle l'adolescent que je ne suis plus aime parfois se complaire. Me plaindre? Quelle indécence! J'ai presque tout. Des ombres d'idées, insaisissables et curieuses, me traversent l'esprit. Des résolutions. Des possibilités. Des voyages. Reconstruire. Le coeur qui bat. Saisir le moment. Il n'est jamais trop tard. Jamais. Ce jour qui va commencer doit être un jour de fête, un jour d'espoir et de lumière. Il suffit d'y croire. La pluie vient de cesser.

Aujourd'hui, j'ai trente-quatre ans.





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