Simplification accidentelle

Le vieux machin encombrant, démodé et bruyant qui me sert d'ordinateur est en train de m'abandonner. La moitié de mon disque dur vient de partir en fumée. Mes milliers de courriers électroniques reçus et envoyés ont rejoint le paradis des octets perdus. Pas tous, en fait, une rapide intervention à coeur ouvert sur les secteurs qui fonctionnent encore ayant réussi à en sauver quelques-uns, curieusement entrelardés d'autres documents (images, pages webs) écrits par-dessus pendant les quelques minutes où je ne me suis pas aperçu de la catastrophe imminente, et pendant lesquelles je continuais à me promener sur le réseau. Les lambeaux de mes boites aux lettres agonisantes, sauvées sur un autre disque, ressemblent à un cadavre exquis, un collage informatique dont la beauté surréaliste n'est accessible qu'avec un éditeur hexadécimal. Mais en fait, curieusement, le premier choc passé, ce n'est pas très grave. J'aime les choses simples. Il y a quelque chose de joli dans un logiciel de courrier électronique où toutes les boites aux lettres contiennent zéro message. Comme s'il se tournait soudainement vers l'avenir plutôt que de regarder le passé. Je connais par coeur les adresses les plus importantes, personnelles et professionelles, je peux retrouver les autres.

Finalement, il n'y a rien de bien important dans les e-mails.








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